Visite de nouveaux sites moais, ainsi que de sites qui sont un peu des « exceptions » dans l’histoire officielle.
Réponse à la question du 29 avril : l’abri
Il faut toujours faire confiance à sa première idée. Il s’agit bien d’un poulailler. Sur la photo, on remarque une pierre sur le sol. C’est la porte du poulailler en regard du trou visible dans ce blockhaus, et que le poil de carotte pasquien utilisait pour « fermer les poules » le soir. Une excellente protection contre leur prédateur, le rat qui pullulait sur l’île.
En ce qui concerne la question de la veille, on sait que la patate douce est originaire d’Amérique et qu’elle n’est pas arrivée avec les primo-arrivants. En revanche, à ma connaissance, on ne sait pas si elle fût introduite par des américains ou par l’intermédiaire de polynésiens. Des analyses ADN ont montré que les Pasquiens étaient probablement venus des Marquises, cependant pour d’autres raisons on soupçonne une migration limitée plus tardive des îles Gambier. Pas sûr que ça éclaire l’origine de la patate douce. En tout cas, elles sont bien meilleures que les patates douces européennes.
Question du 30 avril : la décapitation
On sait peu de choses sur les Pasquiens, bien que la population n’ait pas complètement disparu. En effet de plus de 10 000 personnes estimées à l’apogée de la civilisation vers le XVIIème siècle, les chiliens qui prirent le contrôle de l’île en 1870 n’en recensèrent plus que 111. La théorie du « déclin par stupidité » que l’on apprenait à l’école au siècle dernier, ils auraient coupé tous les arbres pour transporter les Moais, rapidement écartée, on incrimine un faisceau de causes : changement climatique (petit âge glaciaire), guerre, famine, maladie, voire plus récemment les rats, dont on a déjà dit qu’ils pullulaient sur l’île. Mais, c’est bien un évènement ponctuel qui précipitât la perte de connaissance de la culture pasquienne, une vraie décapitation culturelle. De quel évènement s’agit-il ?
4 Comments
C’est un sujet qui m’avait intéressé. Le Pérou, devenu indépendant en 1824, abolit l’esclavage en 1854. Il leur faut donc trouver une “main d’oeuvre” ailleurs. Après une politique visant à attirer Chinois, le Pérou suit les propositions d’un Irlandais d’organiser un commerce d’importation de main d’oeuvre. On retrouve le problème du guano, déjà évoqué par la “guerre du guano”, source de richesse du Pérou, mais qui demande une main d’oeuvre abondantes. Les bateaux péruviens vont ratisser toutes les iles du Pacifique. Ce sera une véritable déportation, au début des années 1860, en particulier des prêtres, des élites, du Roi et des guerriers pasquiens, massacrés ou déportés (événement ponctuel?). La culture pasquienne n’y survivra pas. Il faudra une intervention des puissances européennes (et une campagne de presse) pour arrêter ce trafic. Le Pérou y renoncera d’autant plus facilement qu’il n’est pas très rentable, les pertes durant les transports ou par maladie étant très élevées.
Il était sans doute plus facile d’accréditer l’hypothèse du “suicide de la société pasquienne” que de reconnaître les bienfaits du libéralisme.
Mais je n’ai pas connaissance d’un événement ponctuel. J’attends la réponse !
D’après ce que j’avais lu, ce sont les Polynésiens qui auraient apporté les patates douces, étant bien plus marins que les américains du sud, malgré la démonstration faite par Thor Heyerdal, très contestée. Etudes archéologiques et génétiques sont plus solides pour l’hypothèse d’un peuplement partant de l’Asie.
Merci de partager ces grands moments !
Bravo à Jean-Maurice… dont nous connaissons tous l’immense culture.
Je m’évertue à chercher dans plusieurs sites sans jamais trouver de réponses convenables..😒.
Mais comme j’apprends plein de choses, ça me va et je continuerai à explorer 😊
Je viens de reprendre « Fantastique Ile de Pâques » de Mazière, un des rares livres à avoir survécu à tous mes déménagements. Il y fait mention d’un massacre par des Péruviens le 12 décembre 1862 : »Après avoir attiré la population par le déploiement d’un lot de pacotilles, le commandant Aiguire déclencha le massacre (…) Parmi ceux-ci se trouvaient tous les derniers savants de l’Ile et le Roi Maurata et sa famille (…) Par la faute de cette poignée d’assassins, toute la tradition orale de Matakiterani allait mourir, laissant à l’avenir l’inquiétude d’une recherche fragile ». J’avais oublié… après plus de 50 ans… Serait-ce l’événement ponctuel ?
Merci Michèle !
Je suis comme vous, j’apprends et j’explore ! Merci aux blogueurs !
Il y a aussi le film « Rapa Nui » (1994), qui n’a pas connu un grand succès, et qui se base sur la compétition racontée sur le blog. J’avais bien aimé.